Ali Laïdi définit la guerre économique comme « la stratégie économique agressive d’une entreprise ou d’un État pour atteindre un objectif : conquérir ou protéger un marché ». Elle apparaît ainsi comme un instrument belliqueux au service de la puissance des États et peut revêtir plusieurs formes : le benchmarking offensif, la contrefaçon, le débauchage concurrentiel, la guerre de l’information, le social learning, etc. La sémantique du concept de « guerre économique » est sujette à polémique. Nombreux sont les spécialistes qui rejettent l’emploi du vocable martial, car la « guerre économique » ne repose pas sur le recours à la force armée. Ils préfèrent évoquer l’hyperconcurrence ou l’hypercompétition à laquelle se livrent les entreprises et les États. D’autres encore nient purement et simplement le durcissement des relations. Ainsi, Patrick Viveret, philosophe et magistrat, estime que la guerre économique est un prétexte pour faire accepter aux citoyens la disparition des avantages sociaux au nom d’une société toujours plus libérale. Quoiqu’il en soit, il est impossible de ne pas reconnaître que les rapports commerciaux entre les acteurs économiques se sont nettement radicalisés depuis la chute du Mur de Berlin.La globalisation du marché, n’a pas pacifié le monde des affaires, mais pousse de plus en plus les états comme les entreprises à durcir leur politique de compétitivité. Dans cet affrontement, ce qui reste de l’État est à la fois juge et partie. Juge lorsqu’il encadre de manière minimale le fonctionnement des marchés et partie lorsqu’il utilise toute sa force pour soutenir ses champions économiques. Si le principe de la libre concurrence empêche les États de mettre en place une certaine politique industrielle, ces derniers s’efforcent de contourner cette interdiction et utilisent leur administration, et particulièrement « leurs services de renseignement », pour soutenir leurs fleurons industriels. Le rôle de l’État dans la compétition économique est d’autant plus important à l’heure où la crise financière frappe l’économie mondiale. Tous, même les ultralibéraux, se tournent vers lui pour sauver « le système ». Des États-Unis à la Russie en passant par la Grande-Bretagne, les fonctionnaires des différents pays se transforment en véritables « guerriers du business ». Et comme dans le même temps les états effectuent des coupes brutales dans les budgets de sécurité, ils se tournent naturellement vers le traitement privé de celui-ci ou ne laissent aucun autre choix aux entreprises pour se protéger.Dans ce cadre, « l’intelligence » économique privée est rapidement apparue comme l’outil indispensable à la pérennité, au dynamisme et au développement économique durable des entreprises.
via « Sécurité privée, guerre économique et principe de réalité » par Simon Licha.