Le séminaire « Dire la guerre » organisé par l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM) reprend. La première séance aura lieu le 8 novembre 2011, exceptionnellement en salle de réunion (1.36) de l’IRSEM, de 17h30 – 19h30. Gabriel Périès (TELECOM/Ecole de Management) y proposera une communication sur le sujet suivant :
« De la doctrine de la sécurité nationale à la guerre contre-insurrectionnelle. Un état d’exception permanent ou un bluff sémantique ? »
[NOTA : l’IRSEM se trouvant sur le site de l’École miltaire, il est nécessaire de se munir d’une pièce d’identité. L’entrée se fait par le 1, place Joffre, 75007 PARIS]
Résumé :
Depuis la publication du Livre Blanc de la Défense et de la Sécurité nationale (2007), l’Etat français s’est doté d’une nouvelle structure institutionnelle d’intervention intérieure comme extérieure de lutte contre le terrorisme, les deux espaces d’intervention, policier comme militaire, étant depuis, totalement indistincts comme l’expriment les LPM et LOPSI 2. Cette indistinction renvoie sur le plan argumentatif et discursif au discours de la doctrine de la Sécurité nationale (DSN) dont l’organisation continentale a déjà été à l’œuvre en Amérique latine entre 1960 et la fin de la Guerre froide. Il est également notable que ce transfert mimétique et normatif d’un management non moins spécifique des institutions chargées de la gestion du monopole effectif de la violence légitime, s’accompagne d’une sorte de revival, dans un contexte international marqué par les impératifs de l’état d’exception mondialisé à l’issu de la crise du 11 /11, des doctrines militaires contre-insurrectionnelles françaises à l’occasion de l’expérience Irakienne et surtout , en ce qui concerne la France, afghane et sa réintégration dans le Commandement de l’OTAN. Dans ce cadre, les conditions d’emploi du syntagme sécurité nationale seront analysées tant sur le plan national qu’international dans une perspective comparatiste. Cette approche sera articulée au questionnement de la réédition des œuvres du colonel Trinquier, la découverte de la pensée d’un officier français embauché par la Rand Corporation à la sortie de la guerre d’Algérie — le colonel Galula — entre autres. Ce retour des doctrines militaires contre-insurrectionnelles sera également questionnées tellement les usages mêmes de l’expression de guerre contre-insurrectionnelle, de guerre subversive, voire de guerre totale ou moderne tout comme les questionnements « dérégulateurs » de la guerre, peuvent paraître, dans la littérature militaire récente, erratiques et stéréotypés.
En d’autres termes, ce retour est-il pertinent ou s’agit-il d’un bluff sémantique et discursif qui ne servirait qu’à mobiliser certains secteurs des forces armées et policières, au moment même où ces mêmes doctrines montrent leur essoufflement, tant d’un point de vue juridique, sur le plan du Droit pénal national comme International ? Ou ne serions nous pas les témoins de l’institutionnalisation d’un état d’exception permanent à vocation contre-insurrectionnelle, dans des zones entrées en crise sociale et économique dans le cadre d’un mimétisme dépendant ?
via Reprise du séminaire « Dire la guerre » de l’IRSEM | Le polémoscope.