Jamais à court de projets, le célèbre moteur de recherche entretient son pouvoir créatif grâce à une organisation originale et une politique de recrutement très agressive. Marissa Mayer, la « Madame Recherche » de Google, dévoile à Lexpansion.com le fonctionnement de cette usine à idées.Google débute 2006 comme il avait terminé 2005 : avec des nouveautés. L’entreprise de Mountain View vient ainsi de lancer sa suite logicielle gratuite Google Pack qui comprend, entre autres, le navigateur Firefox et l’antivirus de Symantec, et pourrait incorporer à l’avenir des outils bureautiques. Parallèlement, il a annoncé son entrée sur le marché de la vidéo à la demande, avec le service Google Video, et dévoilé en même temps sa propre plateforme de paiement en ligne. Confirmant ainsi un potentiel créatif qui semble avoir d’autant moins de limites que Google est devenu l’un des principaux recruteurs de la Silicon Valley. Il faut dire que la réputation d’innovation du groupe et sa capacité à accorder des hauts salaires a de quoi attirer les meilleurs. En exclusivité pour LExpansion.com, Marissa Mayer, la vice-présidente des services de recherche et de l’expérience utilisateur chez Google, nous éclaire sur le fonctionnement de cette très secrète entreprise de la Silicon Valley. Comment Google arrive-il à proposer sans cesse des nouveaux services ? Un moteur important de notre processus d’innovation vient du fait que nous laissons nos employés consacrer 20% de leur temps de travail à des projets qui les passionnent, et qui ne sont pas forcément liés à leur travail quotidien. Aucun responsable ne peut ainsi refuser à quiconque de démarrer un projet. C’est comme cela, par exemple, que nous avons démarré les projets qui ont donné naissance à Gmail, à Orkut, ou encore à la création d’un réseau Wi-Fi. Et il est fréquent que des employés viennent dans mon bureau et me fassent une démo de leur projet. Après quoi, on décide si cela vaut la peine de lui allouer des ressources supplémentaires ou non. J’espère que l’on pourra garder ce modèle aussi longtemps que possible, car c’est ce qui nous permet de fonctionner comme une start-up dynamique malgré une taille qui ne cesse de croître : nous embauchons à travers le monde près d’une cinquantaine de personnes par semaine, dont une trentaine rien que sur notre site de Mountain View. Expliquez-nous justement le processus de recrutement chez Google? D’abord, il faut noter que tous nos départements ont des postes à pourvoir. Il y a tout simplement aujourd’hui plus de travail que de gens disponibles. Le processus de recrutement comprend huit entretiens réalisés par des salariés de Google. Notre but est de déterminer si quelqu’un est un bon ingénieur en programmation, pour ensuite l’affecter à un projet donné. Par la suite, l’employé pourra bouger vers un autre projet totalement différent. Les informaticiens aiment résoudre des problèmes. Que ce soit pour développer un service en ligne ou bien un lecteur multimédia. Et ils s’ennuient rapidement en restant sur le même projet trop longtemps. Pour prendre l’exemple de Google Pack, comment l’idée est-elle née? Totalement par hasard. En décembre 2004, Larry et Sergey (les deux co-fondateurs de Google, ndlr) ont eu un nouvel ordinateur. Ils ont passé des dizaines heures à installer, configurer et mettre à jour leur PC. Google Pack est tout simplement né de cette frustration. Ce que les utilisateurs de Mac ne connaissent pas car chaque nouveau Mac est livré prêt à l’emploi, avec tous les logiciels nécessaires pour se connecter à Internet, en toute sécurité. Il nous a fallu environ un an pour développer Google Pack et trouver les partenaires prêts à participer gratuitement à cette suite. Des versions internationales seront disponibles dans 3 à 4 mois et les logiciels inclus dans la suite pourront changer, en fonction de leur disponibilité dans telle ou telle langue. Le plus dur avec Google Pack était de créer un seul logiciel d’installation, d’avoir une seule licence d’utilisation et un seul agent de mise à jour pour toutes ces applications, qui sont en fait des versions spéciales pour notre suite. Pourquoi vous-êtes vous lancés dans la vidéo à la demande ? Et quelle sont les spécificités de votre service ? Notre objectif de base reste le même: organiser les informations sur Internet. Nous avons commencé par le texte puis les images, et la vidéo, gratuite ou payante, est une étape naturelle. Pour le contenu protégé, pour satisfaire les majors d’Hollywood, nous avons été obligés de développer notre propre système de protection (DRM) que seul notre lecteur vidéo, Google Video Player (disponible uniquement sous Windows, ndlr), est aujourd’hui capable de comprendre. Nous avons aussi créé un système de paiement, différent de celui de Paypal (propriété d’eBay, ndlr), et qui fonctionne sur les mêmes bases que le système utilisé par nos annonceurs pour acheter les liens sponsorisés. Il n’y a pas pour l’instant de prix minimum ni de maximum pour les vidéos. Et il parfaitement possible de vendre une vidéo à 5 cents par exemple. Nous reversons ensuite la majorité de la somme perçue au fournisseur de contenu. Enfin, il n’y a pas pour l’instant de publicité sur le site Google Vidéo. |