[ BIOMéTRIE ]
Les fausses empreintes digitales dénoncées par leur odeur
La
biométrie du bout des doigts n’est pas entièrement fiable. Une équipe
de chercheurs italiens tente d’y remédier avec un détecteur olfactif.
Serge Courrier
, 01net.,
le 17/01/2006 à 15h22
On
ne peut même plus se fier aux empreintes digitales ! Présentez un faux
doigt en latex, en caoutchouc ou en gélatine avec en relief l’empreinte
du vrai doigt d’une personne autorisée et voilà que s’ouvre à vous la
porte du laboratoire ultrasecret dont vous rêviez. Pour éviter cela,
une équipe de quatre chercheurs de l’université de Bologne en Italie
– emmenée par Davide Maltoni – ne suggère pas d’engager un vigile mais
plutôt d’adjoindre au premier système un détecteur d’odeurs,
identifiant le faux doigt et refusant donc l’accès à l’impudent
bricoleur.
Une imprimante standard, une lampe à UV
La
« menace » est bien réelle. Tsutomu Matsumoro, un chercheur de
l’université nationale de Yokohama au Japon avait démontré en 2002 que
l’on pouvait très facilement créer de fausses empreintes digitales à
partir d’empreintes laissées sur des objets. Un microscope numérique
trouvé dans le commerce, un ordinateur, une imprimante standard, une
lampe à UV et quelques composés chimiques courants suffisaient à
reproduire l’empreinte. Et la « contrefaçon » était capable d’abuser un
détecteur dans plus de 70 % des cas.
Fort
de cette trouvaille, les chercheurs bolognais ont voulu développer un
« détecteur d’odeur de doigt ». Plus facile à dire qu’à faire, puisque
aucun détecteur d’odeurs commercialisé actuellement n’est spécialisé
dans le corps humain. Il s’agit plutôt de remarquer des gaz toxiques
dans les usines ou des émanations marquant le début de pourriture de
denrées alimentaires. Après en avoir testé plusieurs, les chercheurs
italiens ont opté pour un certain Figaro TGS 2600, spécialisé dans les
contaminants aériens.
La silicone et le latex hors jeu, mais…
L’expérience
a mobilisé douze faux doigts et quinze personnes (qui ont gentiment
« prêté » deux de leurs doigts). A partir du capteur, l’odeur de chacun
de ces doigts a généré un signal électrique qui a ensuite été analysé
par ordinateur. L’algorithme conçu par l’équipe a alors permis de
différencier très facilement le vrai doigt d’un banal substitut en
silicone ou en latex.
Mais le faux doigt en gélatine a quant à lui passé le test haut la main et a fait croire à sa nature humaine.
« Certainement parce que ses composés aromatiques sont très proches de ceux du corps humain »,
explique
Davide Maltoni. Peut-être faudra-t-il alors ajouter d’autres
indicateurs actuellement à l’étude, comme la température de la peau, sa
résistivité, ses caractéristiques optiques, la pression sanguine, ou
encore sa permittivité diélectrique.